J’ai prise cette série  entre Janvier et Juin 2017 sur le site Emmaus à Montbéliard. Au départ, j’ai beaucoup photographié les Compagnons qui trient les montagnes d’objets, de papiers, de cartons, d’électroménagers, de livres, de ferrailles, …échoués dans ce lieu à ciel ouvert qui n’est ni à l’abri des regards ni des intempéries. Cet endroit est pour moi une vision perturbante de notre capacité à consommer et à jeter. Le parallèle entre le besoin de se délester de ce qui nous encombre et l’immensité de la tache que cela représente pour ses hommes et ses femmes de trier, ranger, vivre au quotidien avec tout ce que nous ne voulons plus, m’a beaucoup inspiré.

La sensation que tout ce que nous achetons finit par être jeté jusqu’à nous dépasser, nous ensevelir, était très forte. J’étais à la fois attirée par la force symbolique du lieu et effrayée qu’il ne m’engloutisse. Il n’y a rien de rassurant dans ces images. Elles invoquent le pire de notre société. Je suffoquais parfois devant ce trop et m’émerveillais chaque fois de son esthétisme.